C’est sous ce titre humoristique qu’AEFEL propose aux collectivités un accompagnement original pour réduire les déchets des habitants. Une formule simple qui a démontré son efficacité : confier aux habitants 2 poules et un poulailler, former les « familles d’accueil » des gallinacés, suivre semaine après semaine la courbe des déchets des participants, et dresser le bilan de l’opération. Pour cette newsletter, nous donnons la parole à Annick LACOUT, l’experte AEFEL « éco-poules ». Sa mission, répondre à toutes nos interrogations sur l’opportunité et l’efficacité de ce projet.
Les poules, est-ce vraiment efficace pour réduire les déchets ?
Oui bien sûr. Elles sont un formidable moyen de réduire les déchets organiques, tout en étant complémentaires du compostage domestique. Elles apprécient particulièrement les restes alimentaires que l’on hésite à mettre au compost, comme les viandes, les fromages et le pain. Quant aux quantités consommées, cela dépend de ce que les foyers leurs donnent. Notre expérience montre que les plus voraces peuvent consommer jusqu’à 120 kg de déchets par an.
Faut-il vivre à la campagne pour avoir des poules ?
Non, d’ailleurs de nombreuses familles n’ont pas attendu l’actuel engouement pour installer un poulailler familial en milieu urbain. Moi-même j’habite dans un quartier plutôt dense de la banlieue parisienne et les poules sont très bien perçues par le voisinage. A ce propos, nous venons de lancer une opération au sein d’une commune de la petite couronne parisienne, en zone urbaine, avec l’objectif d’équiper une vingtaine de foyers, à l’automne.
On imagine que les poules génèrent des nuisances olfactives et sonores, est-ce le cas ?
Un poulailler bien entretenu ne sent pas mauvais. Il faut le nettoyer le poulailler régulièrement, pas seulement pour l’odeur mais aussi pour garantir le bien-être des poules. Quant au bruit, certaines poules se manifestent lorsqu’elles ont pondu ou lorsqu’elles sont contrariées. Mais rien à voir avec le chant d’un coq !
Pourquoi un tel engouement pour les poules ?
On est là dans la même dynamique que le retour en force des potagers dans le jardin. Il y a le souci d’une alimentation de qualité, de savoir ce que l’on a dans son assiette. D’autre part, s’occuper de son jardin, de son poulailler, c’est prendre soin. C’est en fait très gratifiant et apaisant. Enfin, la multiplication des expériences, y compris en zone urbaine rend la chose possible, et les gens se disent « pourquoi pas nous ? ». Pour vous donner un exemple, l’appel à candidature lancé par un de nos clients qui souhaitait tester le dispositif auprès de 50 foyers a reçu plus de 400 dossiers ! AEFEL est même sollicité directement par des particuliers qui ont envie de franchir le pas mais ne savent pas toujours comment s’y prendre ; quelle poule acheter ? Quel poulailler choisir ? Comment bien s’occuper de l’animal ? Un accompagnement par un professionnel permet de se lancer en toute sérénité.
Justement, comment être certain que les poules offertes aux habitants seront bien traitées ? On ne s’improvise pas éleveur !
C’est une préoccupation essentielle dans notre accompagnement des collectivités. Nous recommandons d‘intégrer aux critères d’éligibilité des foyers : la qualité de l’emplacement qui sera réservé aux poules ainsi que la disponibilité des personnes qui vont s’occuper des gallinacés. La motivation exprimée est également très importante. D’autre part, nous accompagnons les foyers tout au long de l’opération : session de formation, remise d’un « guide du foyer éco-poule » très complet, et visites sur site.
Quels sont les retours des premiers habitants ayant testé ce dispositif ?
Ils sont unanimement positifs !!Au-delà de la consommation des déchets, les poules sont à l’origine de quelques belles histoires. Une dame me racontait que son fils autiste l’accompagnait tous les jours auprès des animaux et s’en trouvait fortement apaisé. Une autre atteinte d’une maladie dégénérative a pris des poules pour réaliser son rêve de toujours. Plusieurs fois par jour, elle est ainsi motivée à se déplacer pour les nourrir et en ressent un bénéfice pour sa santé. Ce qu’on peut dire, c’est que le fait de posséder des poules conduit à nouer un dialogue avec ses voisins, à échanger avec les passants, donc à renforcer le lien social. Il est facile de trouver un voisin bienveillant pour s’occuper de ses poules pendant les vacances. De plus, celui-ci sera récompensé par de bons œufs tous les jours !
Et pour les collectivités, quel bilan tirer de ces opérations ?
Les bénéfices sont multiples. Sur le plan opérationnel, elles disposent d’indicateurs fiables sur les quantités de déchets évités grâce à l’opération. Mais au travers de telles opérations, elles nouent des liens plus étroits avec leur population, et identifient un vivier de foyers qui se révèlent volontaires pour s’engager aux côtés de la collectivité dans des opérations de longue haleine.
D’autre part, les opérations « poules » restent rares. Dans de nombreux cas, il est possible pour la collectivité d’obtenir des financements auprès de l’Ademe, de la région ou du département ou auprès de leur syndicat de gestion déchets.